En ce qui concerne les divers systèmes de propulsion de navires les plus répandus, je vais tenter de vous livrer le fruit de mes observations par la pratique du nautisme, plus quelques remarques purement techniques. J’espère que cela vous aidera dans le choix prépondérant de votre futur bateau. J’aborderais tour à tour la motorisation hors-bord, les propulsions Z-DRIVE, IPS et ligne d’arbre ainsi que l’hydrojet pour finir.
CHAPITRE 1 : MOTORISATION HORS-BORD
Le moteur est hors du bord du bateau, c’est un des systèmes de propulsion les plus répandus sur les unités de 5 à 12 mètres, on y trouve un nombre de constructeurs importants qui proposent des moteurs allant de 6 à 350 chevaux (certains motoristes américains proposent même de 400 à 627 cv par moteur). Longtemps décriés, les modèles 2-temps, grâce à l’injection directe, sont devenus moins polluants, plus performants et plus économes que les 4-temps. On peut tout juste leur reprocher un éventuel réseau de distribution moins implanté que les motoristes 4-temps.
L’avantage premier que j’accorde au moteur hors-bord est son accessibilité. Pas besoin de se contorsionner dans une cale moteur pour une vérification visuelle ou pour faire un niveau. Vous pouvez également contrôler facilement l’état de votre hélice ou de votre embase en relevant le moteur. A ce propos, les moteurs hors-bord sont les seuls systèmes de propulsion à hélice qui vous permettent d’échouer sur une plage grâce à l’utilisation du trim. L’offre pléthorique des constructeurs vous permettra également de choisir parmi de nombreux motoristes selon vos exigences: fiabilité, tarif, sobriété, performance, SAV etc.. Enfin, la simplicité du montage du moteur sur le bateau limitera sensiblement les coûts de main d’œuvre pour une éventuelle nouvelle motorisation.
Le fait de pouvoir relever le moteur vous permet également de le préserver du phénomène d’ électrolyse quand vous ne vous en servez pas. Notez qu’il y a la présence d’anodes sacrificielles sur la partie immergée de l’embase en fonctionnement, il conviendra de vérifier régulièrement visuellement leur état. Attention cependant, en cas d’exposition trop prolongée à l’air, la turbine de refroidissement faite de matière plastique peut sécher, se déformer et perdre de son efficacité.
Le sel présent dans l’eau de mer va se figer de manière définitive à partir de 3 semaines à l’air libre dans votre circuit de refroidissement. D’utilisation en utilisation si vous ne rincez pas votre moteur à l’eau douce, vous prenez le risque de boucher ce circuit d’eau. Pensez à le faire systématiquement avant les périodes où vous ne sortez pas en navigation pendant longtemps. les moteurs sont équipés de raccords facilitant cette opération. Ne partez jamais sans avoir vérifié le témoin de refroidissement une fois le moteur en route.
Visionnez le concept simplissime du propeller bag
Il existe néanmoins certaines solutions innovantes comme le “propeller bag“. Il s’agit d’un sac étanche à fixer sur l’embase de votre moteur.
Celui-ci va isoler l’embase du courant électrique présent dans l’eau du port générant l’électrolyse et prolonger la durée de vie de vos anodes. Il vous permettra en plus de faire tourner votre moteur à l’eau douce facilement en le remplissant à même le quai.
Sur le plan dynamique, le fait d’avoir un seul moteur vous imposera un effet de couple (le pas de l’hélice) dont il faudra impérativement tenir compte dans vos manœuvres à basse vitesse. En effet, le sens dans lequel tourne l’hélice va influencer la direction de votre bateau. Si vous rajoutez ça à un effet de vent, vous pourriez être surpris du manque de réactivité de votre bateau et rater accostage par exemple. En pilotage pur, il ne faudra pas non plus négliger le réglage du trim, très efficace si l’on sait s’en servir et néfaste voire dangereux utilisé à mauvais escient.
Les moteurs hors-bord ne sont disponibles qu’en essence et non pas en diesel pour le tout public (Mercury développe des moteurs hors-bord diesel pour l’armée), attention donc à la consommation qui peut plus que doubler à pleine charge et limiter fortement votre zone de navigation. Les 4 cylindres du marché proposent jusqu’à 200 chevaux, au-dessus vous aurez affaire pour la plupart des cas à des 6 ou 8 cylindres très gourmands.
Pour finir, le montage d’un moteur hors-bord est très sensible à sa hauteur et à la taille de l’hélice. Certains montages favoriseront la vitesse au détriment du couple, certaines hélices ne conviendront pas du tout selon leur diamètre et le nombre de pales. Votre moteur en souffrira à trop forcer ou prendra trop de tours et risquera de casser. Il est tout bonnement impossible de déterminer un montage idéal sans essais dynamiques. Il vous faudra donc vous rapprocher d’un professionnel de confiance et essayer le bateau dans tous les sens (virages larges, virages serrés, accélération, déjaugeage, vitesse de pointe, cavitation..) selon ce que vous cherchez à obtenir.
Pour le férus de technologie et adeptes du réglage parfait en toutes circonstances, il existe un accessoire assez répandu aux États-Unis mais peu en Europe encore, c’est le Power Lift. Il permet de régler la hauteur du moteur grâce à un support sur le tableau arrière du bateau.
Le montage de plusieurs moteurs hors-bord est également envisageable. Cela apporte un réel plus en terme de sécurité. En effet, si un des moteurs venait à vous faire défaut, vous pouvez quand même rentrer à bon port. Dans une moindre mesure, vous pourrez gagner aussi en manœuvrabilité par temps calme en jouant simultanément sur chacun des moteurs. Cependant, si vous ne savez pas bien piloter un bateau avec un seul moteur, ne pensez pas combler cette lacune par l’ajout d’un moteur. Les bi-moteurs hors-bord annulent également l’effet de couple cité plus haut, car un moteur a un pas à droite et l’autre un pas à gauche (hélices contre-rotatives).
Dernières recommandations, les navires en général ne sont pas fait pour aller vite ou fort en marche arrière. Les bateaux ne sont pas profilés pour naviguer dans ce sens. La partie arrière de votre bateau va opposer une forte résistance à l’eau car elle est plane et le tableau supportant votre moteur hors-bord n’est pas conçu initialement pour ce type d’efforts. Si vous avez la main lourde en marche arrière, vous finirez par fragiliser cette partie maîtresse de la structure de votre bateau. Anticipez vos arrêts, une bonne manœuvre est une manœuvre lente.
Enfin, si vous passez sur un fil de pêche, n’hésitez pas à démonter l’hélice pour retirer le fil, invisible sans démontage, enroulé autour de l’arbre de transmission. Si vous ne le faites pas, le joint d’étanchéité ne résistera pas longtemps au frottement du nylon et cela vous coûtera bien plus cher que 30 minutes de manutention.
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